Le Projet Collectif de Recherche « Elusa. De l’oppidum à la cité du haut Moyen Âge » (2022-2025, direction Laurent Callegarin, université de Pau et des pays de l’Adour) porte sur l’évolution de l’habitat urbain d’Elusa (Éauze, Gers, Occitanie). L’approche privilégie des méthodes non destructives même si une fouille pluriannuelle et des sondages sont programmés sur une zone limitée. Un des objectifs est de délimiter l’urbs et de définir les infrastructures urbaines. Un autre enjeu est de comprendre pour quelles raisons une simple civitas créée ex nihilo au début du Ier siècle de notre ère accède au statut de metropolis de la province de Novempopulanie durant l’Antiquité tardive, pour être désertée au début du Moyen Âge au profit du site de la ville actuelle d’Éauze un peu plus à l’ouest.
La première utilisation de la géophysique à Eauze date des années 1990 (M. Martinaud et D. Schaad) autour du château de Cieutat. Ce premier diagnostic positif avait été doublé d’une campagne de photographies aériennes (C. Petit-Aupert) qui, pour la première fois, dévoilait un plan assez précis des structures bâties. Ces prospections avaient permis de définir une zone de protection de 18 ha (plateaux de Cieutat et de La Taste). C’est dans ce périmètre que la fouille de la domus dite de Cieutat (P. Pisani) a pu être menée dans les années 2000-2014 : affleurants dès 30 cm de profondeur, les vestiges antiques offrent un potentiel stratigraphique pouvant atteindre 3 m par endroit. Dans le cadre d’une reprise des opérations d’archéologie programmée, le PCR Elusa, en accord avec le SRA Occitanie, a demandé en 2022-2023 la cartographie géophysique sur les 18 ha.
En 2022, la société Géocarta (A. Grout) est sollicitée pour une prospection électrique tractée (ARP) et magnétique (AMP) à très haute résolution. Les résultats exceptionnels obtenus ont permis d’apporter un complément substantiel aux photographies aériennes : peuvent ainsi se deviner d’imposantes demeures à péristyle, mais également un possible groupe épiscopal en bordure de plateau et surtout des secteurs tramés a priori non bâtis. Les cardines à l’extrême nord et les decumani dans la portion nord-est paraissent connaître un arrêt, signifiant la fin de l’emprise urbaine orthonormée. Aucun vestige d’enceinte n’a été détecté.
En 2022 et 2023, deux campagnes par géoradar multi-antennes se sont succédé : une première utilisant le radar à saut de fréquence DXG1820 de chez 3D-Radar (UPPA & MDS - D. Rousset / G. Sénéchal) et une seconde utilisant le Raptor de Impulse Radar à 450 MHz (UMR 8546 AOrOc-ENS - M. Dabas et L. Verdonck). Ces dispositifs multi-antennes permettent d’imager un véritable volume de données 3D avec une résolution centimétrique, permettant une approche stratigraphique. Les résultats sont particulièrement remarquables, confirmant les images électriques mais avec une résolution spatiale bien supérieure. En particulier, le réseau d’alimentation ou d’évacuation des eaux se lit avec une grande précision sur les coupes horizontales avec une pénétration jusqu’à plus de 2 mètres.
Ces acquisitions géophysiques, et plus spécifiquement celles obtenues par le géoradar, serviront de base à une cartographie de l’évolution de l’urbanisme d’Elusa.

– Université de Pau et des pays de l’Adour (https://recherche.univ-pau.fr/fr/laboratoires/toutes-les-unites-de-recherche/iraa-institut-de-recherche-sur-l-architecture-antique/presentation.html)
– Institut de recherche sur l’architecture antique - UAR 3155 (Pau) (https://iraa.mmsh.fr/)
– Laboratoire des Fluides Complexes et leurs Réservoirs (LFCR) – UPPA (https://lfc.univ-pau.fr/fr/index.html)
– MDS (https://www.mds-paris.com/societe-mds/)
– Geocarta (https://geocarta.net/)
– UMR 8546 AOrOc-ENS (https://www.archeo.ens.fr/)