Afghanistan

La carte Archéologique de l’Afghanistan

Auteurs, Autrices : J.B Houal, G. Lecuyot, C. Batardy, A. Tricoche, M. Dabas

La carte archéologique de l’Afghanistan


  • (photo : site d’Aï Khanoum)

En 1982, W. Ball publiait avec la collaboration de Jean-Claude Gardin (et bien d’autres contributeurs) le catalogue des sites archéologiques d’Afghanistan dans l’Archaeological Gazetter of Afghanistan. En 2018, une nouvelle version est éditée par W. Ball enrichie de plus de 250 sites. Ses travaux reposent majoritairement sur ceux de la DAFA et de J.-C. Gardin. L’ensemble des 2500 références couvrent l’ensemble du pays dans un cadre chronologique très large, depuis le paléolithique jusqu’à la période timouride. Cette synthèse est unique dans le monde archéologique de l’Asie centrale et il est important que cet ouvrage puisse être enrichi des travaux de terrain que les différentes équipes étrangères ont pu faire jusqu’en 2021.

Avec l’accord de son auteur, Chronocarto, le SIG en ligne développé par Yadh Riahi, Michel Dabas et Katherine Gruel au sein d’AOROC, propose une mise en ligne simplifiée du positionnement de ces 2500 sites. L’objectif à l’avenir est de contribuer à la promotion de la recherche et de la sauvegarde du patrimoine afghan comme ce fut le cas dans le cadre de la mission d’Aï Khanoum jusqu’en 1980 (dirigée par P. Bernard). AOROC, à travers son soutien aux actions scientifiques sur Kabul dans le cadre des fouilles de Z. Paiman entre 2004-2019 et sur Balkh en collaboration avec la DAFA (2011-2013), favorise le développement d’actions de diffusion de l’information accessible à tous par le biais d’outils simples et gratuit.

La carte ci-dessous visualise l’ensemble des sites de la base. Il est possible de zoomer (+ et -) et de visualiser la fiche simplifiée en survolant le point correspondant. L’outil de recherche (jumelles) permet d’interroger la carte par le nom des sites.

Une visualisation et une recherche plus avancée se fera via le lien (haut de page) " La carte archéologique de l’Afghanistan".

 

Ball Warwick, ’Concordance of Collections’, Archaeological Gazetteer of Afghanistan : Revised Edition, Oxford, 2019 ; online edn, Oxford Academic, 12 Nov. 2020. https://doi.org/10.1093/oso/9780199277582.005.0016

 

 

Aï Khanoum, ville grecque au nord-est de l’Afghanistan

Découvert au début des années 1960 dans le nord-est de l’Afghanistan, le site d’Aï Khanoum a permis de passer du « mirage bactrien » qu’évoquait Alfred Foucher, premier directeur de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), à propos de la présence grecque en Asie Centrale, à la réalité. En effet, c’est une grande cité grecque qui fut progressivement mise au jour entre 1964 et 1978, au confluent du Darya-i Pandj et de la Kokcha.

Capitale provinciale et ville royale fondée au début du IIIe siècle av. J.-C. par Séleucos Ier ou Antiochos Ier, elle est en partie naturellement défendue, mais ouvre au nord sur une vaste plaine. Un large plateau domine une ville basse où se situe la majorité des constructions comprenant, en position centrale, un immense palais. On y trouve aussi deux monuments emblématiques de la culture grecque, un gymnase et un théâtre, auxquels s’ajoutent le temple principal, deux mausolées, un arsenal et un vaste quartier d’habitation. Les plans de ces bâtiments sont plutôt d’inspiration orientale, mésopotamienne ou iranienne, mais leur décor est grec comme le montrent l’usage des trois ordres grecs, le dorique (gymnase), l’ionique (mausolée au caveau de pierre) et le corinthien (palais, maisons) et celui d’antéfixes à bulbe, à ailes et à palmette. Témoin de l’attachement des colons à la culture grecque, les maximes delphiques avaient été gravées sur une stèle dressée dans l’enceinte du mausolée de Kinéas et une pièce-bibliothèque de la trésorerie du palais conservait des papyrus et des parchemins. L’existence de la ville fut toutefois de courte durée, la pression des nomades ayant conduit à son abandon par les colons dès les environs de 145 av. J.-C.

Après le rapatriement contraint et forcé d’Afghanistan, l’équipe fut heureusement accueillie par Christian Peyre au laboratoire d’archéologie et trouva ainsi refuge à l’École normale supérieure.

De nombreuses années de fouilles avaient permis de réunir et d’engranger une très abondante documentation (dessins, plans, photos, cahiers de fouille) aujourd’hui conservée pour sa plus grande partie au laboratoire d’archéologie de l’ENS (AOROC UMR 8546 CNRS-ENS-PSL) ; les négatifs des photos noir et blanc ont rejoint quant à eux la photothèque du Musée national des arts asiatiques Guimet.

Grâce à un petit financement de PSL, ces archives ont pu être traitées en 2014 et une plaquette a été publiée à l’occasion des cinquante ans de la fouille (Il y a 50 ans… La découverte d’Aï Khanoum). Un complément d’archives reçu par le laboratoire après la disparition de Paul Bernard en 2015 reste à intégrer au fonds.

Si la première campagne a été menée sur le terrain par Daniel Schlumberger, accompagné de Paul Bernard et Marc Le Berre, c’est Paul Bernard qui, alors qu’il était devenu directeur de la DAFA, dirigea les campagnes de 1975 à 1978, avec un financement de la commission des fouilles des affaires étrangères, et supervisa les publications. C’est sous sa responsabilité que, chaque année, un rapport détaillé des travaux a ainsi été publié, principalement dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (CRAI).

Depuis la fin des travaux de terrain, de nombreuses publications ont vu le jour, dont plusieurs volumes de la collection des mémoires de la DAFA portant sur les monnaies hors trésor (Paul Bernard, 1985), les remparts (Pierre Leriche, 1986), le gymnase (Serge Veuve, 1987), la trésorerie (Claude Rapin, 1992) et l’habitat (Guy Lecuyot, 2013) ; prochainement Laurianne Sève Martinez doit remettre à l’éditeur le volume sur le temple principal, le temple à niches indentées.

 


A lire :

Lecuyot Guy, Fouilles d’Aï Khanoum. IX. L’habitat, Mémoires de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan, tome XXXIV, Éditions De Boccard (2013).


Valentin Noël et Nathalie Queyroux, « Valorisation de la fouille d’Aï Khanoum (Afghanistan) à l’École normale supérieure (Paris) », Les nouvelles de l’archéologie, 145 | 2016, 44-48.

A écouter : le podcast de l’émission "Le salon noir" sur France Culture : "Il y a 50 ans la découverte d’AÏ Khanoum, cité grecque d’Afghanistan" avec Paul Bernard