Levroux (Indre)

Une agglomération artisanale et commerçante du IIe s. BC

Le gisement gaulois de Levroux a été découvert dès le XIXe siècle. Des carrières sur la Colline des Tours ont révélé des objets en bronze et de très nombreuses monnaies. La disposition concentrique du parcellaire a suggéré très tôt l’existence d’un oppidum, mais le rempart n’a été identifié que dans les fouilles qui ont été entreprises à partir de 1969.
La ville de Levroux recouvre les vestiges des occupations gallo-romaine et médiévale. Le dossier présenté concerne le village gaulois du quartier des Arènes, qui s’est développé dès les IIIe et IIe s. BC à la limite sud de la ville actuelle.

(L’onglet WEBSIG offre la possibilité de visualiser les données de fouilles géoréférencées.)

WEBSIG


doi.org/chronocarto

Cartes interactives

Auteurs

Olivier Buchsenschutz(AOROC) , Christophe Batardy (AOROC)
olivier.buchsenschutz@ens.psl.eu, christophe.batardy@ens.psl.eu,

L’article qui suit propose une visualisation commentée de ces données sous forme de cartes interactives.
Cette publication repose sur les fouilles qui ont été menées de 1970 à 1990. Nous remercions ici les fouilleurs et les auteurs des thèse articles et ouvrages qui ont permis la publication des 5 volumes de synthèse.

Les cartes interactives qui suivent permettent la visualisation du mobilier découvert dans les fosses à Levroux (quartier des Arènes). A travers plusieurs rubriques (Habitat, Vases de stockage et de transport..) sont ainsi restituées les distributions par fosse.

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01- Oppidum ville romaine et village ouvert

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L’agglomération gauloise du quartier des Arènes au sud de la ville actuelle, a été découverte par Robert Lequément en 1971, dans un sondage sur les vestiges enfouis du théâtre romain qui avait été arasé au XIXe siècle. Des sondages, des prospections géophysiques, des fouilles de sauvetage ou programmées, se sont succédés de 1973 à 1988. Un dernier sauvetage, qui a été effectué sur le « terrain Charbonnier » en 1990, a été partiellement abordé dans plusieurs travaux universitaires, mais n’a pas encore été intégralement publié. Les autres terrains ont fait l’objet de plusieurs articles ou thèses, et sont publiés dans 5 volumes des suppléments à la Revue Archéologique du Centre des la France (1988-2000).

02- Les terrains

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Les traces de l’habitat sont constituées de fosses, de tranchées et de trous de poteau, creusés dans le socle calcaire, dans lesquels se sont accumulés des milliers de fragments de céramiques, d’ossements, de métal. Le sol de l’époque a partout disparu. Une fouille fine de la répartition des objets dans plusieurs fosses (terrain Rogier nord, avant 1983), a démontré qu’il s’agissait de déchets de l’occupation humaine piégés dans ces excavations. Influencés par les préhistoriens, nous avons voulu vérifier sur plusieurs grosses fosses qu’il ne restait pas de sols en place. Nous avons pu par exemple reconstituer la présence d’une planche grâce à l’alignement des clous qui la ponctuait, ou une pause dans le remplissage marqué par plusieurs vases « explosés » à la même altitude, mais notre but n’était pas de faire l’histoire du dépôt des ordures (Levroux 1, p. 152-153 ; Levroux 2, p.12 à 16) . Les collages d’une fosse à l’autre entre fragments d’un même objet ont été rarement observés, et ne dépassent pas une distance d’une dizaine de mètres. Il s’agit donc bien de détritus, piégés mais peu déplacés. Nous avons choisi pour le sud du terrain Rogier de ne fouiller que la moitié des fosses (après 1983), préférant étendre la surface observée plutôt que gérer une information trop abondante et redondante. Il faut tenir compte de cette sélection pour analyser les répartitions de mobilier sur l’ensemble de l’agglomération.
Le découpage des fouilles sur plusieurs terrains éloignés les uns des autres constitue un échantillonnage aléatoire réparti sur 15 ha, surface qui semble correspondre à peu près à l’extension du village. Un peu moins de 25 % de l’agglomération gauloise a donc été fouillé, dans la mesure où les terrains Charbonnier et Château Gaillard sont déjà sur les limites de l’habitat.

terrains / surface en m2
Charbonnier / 13370
Gangneron / 400
Millet / 15
Phil. Rogier/ 450
Rogier / 3700
Vinçon/ 600
Lacotte/ 1200
Chat. Gaillard/ 3750
TOTAL/ 23485

ANALYSE SPATIALE

Le mobilier a été compté, fragment par fragment. Les restes de clayonnage et les scories ont été pesés. Le classement et les comptages définitifs ont été réalisés en 2019, 2021, 2022 quand nous avons reconditionné le mobilier avant de le déposer au CCE de la DRAC d’Orléans. Mais ici, nous utilisons les comptages effectués pour la publication (1988-2000). Le nombre de fragments comptés est de 366 572. Les poids des restes de clayonnage atteint 403,145 kg, le poids des scories 657,365 kg.
La densité moyenne est donc de 15 fragments par m2 décapé, 17 grammes de clayonnage, 27 g de scories. Ces chiffres pourraient être significatifs si on les comparaient à ceux d’un gisement du même type.
L’analyse chronologique fine est difficile parce que nous ne disposons pas d’ensembles clos mais seulement de couches de comblement déposées au moment de l’abandon des fosses ; elles proviennent de l’occupation humaine en surface qui a pu durer une cinquantaine d’années. (Levroux 5, p. 167 à 172). Nous avons ainsi distingué 4 phases d’occupation entre La Tène C1 et La Tène D 1, mais elles ne marquent pas de rupture claire de l’une à l’autre. La chronologie de d’occupation des différents terrains peut se résumer comme suit : le terrain Lacotte concentre la plus grande quantité de fosses anciennes, même si les puits livrent comme toujours des objets plus récents. Le terrain Vinçon est aussi actif dès les périodes les plus anciennes. L’occupation du terrain Rogier est plus étalée dans le temps, avec des fosses des phases 2 et 4, et même des traces d’occupation romaine (Levroux 5, p. 304). Le terrain Charbonnier, dont le mobilier n’a pas encore été totalement étudié, a été occupé dans les mêmes phases chronologiques. Le terrain de Château Gaillard présente une occupation beaucoup plus diffuse, les traces de poteaux sont plus nombreuses et les fosses plus rares, la chronologie s’étend de la fin de La Tène au Moyen-Âge, avec une occupation gallo-romaine plus dense. Nous l’avons pour cette raison exclu de la plupart des cartes de répartition.

Nous présentons dans ce dossier une analyse spatiale du mobilier archéologique récolté sur les terrains explorés dans le quartier des Arènes. Il s’agit d’un exercice bien délimité qui consiste à analyser les répartitions des différentes catégories d’objets et de vestiges d’activités humaines recueillis dans des structures excavées. Il faut garder à l’esprit que cette image est brouillée à grande échelle par un léger déplacement entre l’endroit où ont été utilisés ces vestiges et le lieu où ils ont été jetés. Nous voulons seulement ici donner un outil interactif pour analyser les grandes lignes de l’évolution des activités dans l’agglomération. Il est complémentaire des articles réunis dans les synthèses de « Levroux 5 », qu’il faudra relire pour examiner toutes les nuances que les spécialistes ont proposé pour expliquer la nature, la datation, et la localisation des différentes catégories de vestiges.
Nous utilisons donc ici les données recueillies sur les terrains Vinçon, Lacotte, Rogier, Gangneron, Philippe Rogier, Charbonnier. Ces deux derniers ne sont pas encore totalement publiés ; l’inventaire complet des autres zones est accessible dans les 5 volumes de « Le village celtiques des Arènes à Levroux, suppléments à la Revue Archéologique du Centre de la France, 1988, 1993, 1994, 1997, 2000.

HABITAT

Même si nous avons récolté les données spatiales du terrain et de la grande tranchée de « Château Gaillard » dans la zone orientale du quartier des Arènes, nous avons finalement décidé de ne pas les représenter dans cette analyse. En effet ce terrain est sensiblement éloigné des autres. Il présente de vastes zones de trous de poteau presque exclusivement, et une seule petite zone de de fosses. Enfin son occupation a persisté pendant la période gallo-romaine, et même au Moyen-Âge, de telle sorte que ces trous de poteau sans mobilier ne sont pas datables. Nous pouvons confirmer que le village gaulois s’étendait loin vers l’est, mais son analyse demeure difficile dans l’état actuel des connaissances.
Les trous de poteau sont omniprésents sur les terrains fouillés à Levroux Les Arènes. Il est rare cependant qu’un plan régulier de bâtiment puisse être identifié à partir de ces vestiges à cause de la superposition des constructions. Les quelques bâtiments sur tranchées de fondation sont beaucoup plus faciles à lire. Ces constructions de surface sont généralement isolées par rapport aux zones où les fosses sont les plus denses. Comme elles contiennent peu de mobilier, elles ne seront pas étudiées ici : nous renvoyons au volume Levroux 5, 2000, p. 19-30.

03 - Typologie des fosses

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Si les fosses ont été comblées par des restes de l’occupation en surface, elles n’ont pas été creusées pour enfouir des ordures ou récupérer du calcaire : leur forme originale, quand elle est conservée, cubique, parallélépipédique, cylindrique, hémisphérique, ovoïde pour les silos, correspond à une fonction qu’il n’est pas toujours facile d’identifier aujourd’hui. Avec ses fosses allongées et orientées majoritairement dans une direction est-ouest, le terrain Vinçon reflète une activité métallurgique qui se confirme quand on analyse les remplissages. Des fosses identiques sont présentes également sur le terrain Rogier et souvent associées à des scories. En revanche sur le terrain Vinçon on observe surtout des fosses cubiques dont la fonction reste indéterminée. Les silos circulaires aux parois rentrantes sont bien caractérisés, mais ils sont rares et dispersés sur toute l’agglomération. De même des bâtiments dressés sur une grille dense de trous de poteau qu’on peut identifier à des greniers sont peu nombreux et dispersés. Visiblement cette agglomération n’est pas orientée vers le stockage – alors que les batteries de silos ou de greniers étaient fréquents pendant les siècles précédents –, c’est l’artisanat du métal qui semble dominer.La répartition des puits à eau, surtout sur le terrain Rogier, est régulière et reflète peut-être une trame d’occupation, mais elle reste bien limitée.

04 - clayonnage

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Les restes de clayonnage, - un mélange de de sable argileux (appelé actuellement le « bornais » dans la région) et de paille, recouvrait sur les parois des bâtiments une ossature en bois tressé. Sa répartition sur les terrains de fouille suggère la présence de bâtiments construits sur une structure en poteaux plantés dans le sol, dont la trace a généralement disparu. Le fouille en a relevé environ 400 kilogrammes, ce chiffre restant approximatif parce qu’au gré des campagnes successives, tous les vestiges n’ont pas été relevés avec la même attention. Une présence diffuse (moins de 100 ou 200 grammes) est perceptible sur la plupart des zones où se répartissent les fosses dans lesquelles ils ont été piégés. Quelques concentrations sur les terrains Vinçon, Charbonnier et Rogier au sud-est suggèrent la présence d’un ou plusieurs bâtiments d’habitation ou d’ateliers. Il faut relever dans l’ouest du terrain Rogier et partout dans le terrain Philippe Rogier une présence faible mais omniprésente de ce matériau.

05- plaques de foyer

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Les « plaques de foyer » sont des plaques rectangulaires de céramique grossière épaisses de 3 à 4 cm délimités par une bordure demi-cylindrique en léger relief. Elles sont découvertes en général dans les maisons d’habitation à proximité des foyers. A Levroux elles ont été recueillies dans des fosses probablement proches de tels bâtiments, mais jamais en place puisque les sols ont disparu. À l’échelle du site, leur diffusion suggère la présence d’un foyer domestique. Leur présence est attestée presque partout, en faible quantité. En revanche, elles sont plus concentrées sur le terrain Rogier, particulièrement dans la moitié Sud. On peut alors supposer que ce secteur comportait des habitations.

VASES DE STOCKAGE ET DE TRANSPORT

06 - Les Dolia

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Ces gros vases de stockage sont généralement enterrés à moitié dans les habitations ou à leur proximité immédiate. La répartition des fragments recueillis en fouille distingue les éléments erratiques, des concentrations plus importantes, et enfin quelques fosses dans lesquelles une bonne partie du vase est restée en place (terrain Vinçon, Charbonnier est, Rogier nord). Leur présence est également visible sur le terrain Philippe Rogier et sur tout le secteur sud du terrain Rogier. Leur répartition coïncide avec les autres éléments caractéristiques des habitations.

07- Les Amphores

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Le nombre de fragments d’amphore est huit fois plus important que celui des fragments de dolium. Ces contenants ne remplissent pas la même fonction, ils sont importés sur le site, et généralement abandonnés une fois que le vin a été consommé. Il n’y a pas de trace de réutilisation à Levroux. Leur concentration est relativement forte, particulièrement dans l’est des terrains Vinçon, Philippe Rogier et Rogier. Si elles ont été rejetées à proximité du lieu de consommation du vin, une denrée de luxe à l’époque, on peut réfléchir à leur rareté sur les terrains Lacotte et Charbonnier Est, qui sont très riches en vestiges d’activités artisanales.

LES OSSEMENTS

08- Les ossements d’animaux

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La répartition de ces quelque 200 000 fragments osseux souligne des zones où la densité des fosses a concentré les vestiges les plus fréquents avec les tessons de céramique. Il ne s’agit pas seulement de reste de consommation, mais aussi de découpe bouchère, d’artisanat de l’os, ou encore de présence d’outillage en os. La thèse de S. Krausz et son résumé dans Levroux 5, p. 173 sq. présentent les observations sur ce sujet à l’aide de nombreuses cartes de répartition et analyses statistique, qu’il faudra compléter avec les résultats plus récents sur les terrains Philippe Rogier et Charbonnier.

LA CERAMIQUE

09- La céramique commune

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Avec quelque 125 000 tessons répertoriés, la céramique commune présente une répartition pratiquement ubiquiste, proche de celle des ossements. 150 fosses livrent 100 à 6600 tessons chacune. Une étude détaillée de la céramique du terrain Rogier a été publiée par M. Levéry dans Levroux 5, p. 53 sq., Il prend en compte notamment la composante chronologique. L’analyse globale des autres terrains reste à faire.
Les répartitions que nous avons présentées ci-dessus montrent que nous avons bien affaire à une zone d’habitation permanente sur tous ces terrains, même si, comme nous allons le voir plus bas, les traces d’activités artisanales jouent un rôle important dans la répartition du mobilier et les activités de cet habitat.

10 - La céramique campanienne

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La céramique campanienne est relativement rare sur le site. Elle correspond à la phase la plus ancienne de son occupation. Elle n’est pas corrélée avec la répartition des amphores ou même avec celle de la céramique peinte qui est globalement un peu plus récente.

11- La céramique peinte

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Les tessons de céramique peinte sont dix fois plus nombreux que ceux de la céramique campanienne. Leur répartition sur le site est globalement proche de celle de la céramique campanienne, mais elles ne sont pas en général déposées dans les mêmes fosses. Cette différence est probablement chronologique, puisque les deux, qui supposent une certaine richese de leurs occupants, restent dans le même quartier.

LA PARURE

12- Lignite

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Les fragments de lignite, qui sont des fragments de jonc de bracelet, exception d’une seule chute de fabrication, présentent une répartition assez large sur tous les terrains. Seule la zone sud-est du terrain Rogier est quasiment vide. Ailleurs les concentrations sont moyennes, sauf dans les extrémités des terrains Lacotte - Charbonnier - Rogier nord. Il est clair que la partie la plus riche du village est dans ce secteur. Les concentrations les plus fortes ne sont pas le mêmes que celles des bracelets de lignite, mais ils sont cependant dans les mêmes zones.

13 - Le verre

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Les fragments de bracelet de verre sont deux fois moins nombreux que les fragments de lignite. Globalement ils sont considérés comme un peu plus récents que ces derniers. Il s’agit en général de bracelets, mais des perles ont été mises au jour sur le terrain Vinçon.
On rencontre des fosses qui n’ont livré que des objets en lignite, d’autre que des objets en verre, une troisième catégorie les deux. On peut supposer que ces variations sont chronologiques, mais le contexte détritique ne permet pas d’établir une « stratigraphie spatiale ».

L’ARTISANAT DU METAL

14 - Les scories

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Avec une masse comptabilisée de 623 kilogrammes, les scories représentent une composante très importante du mobilier recueilli. Il faut de plus rappeler que les fosses du terrain Rogier n’ont été vidées que de la moitié de leur contenu, et je crois me souvenir que pendant certaines campagnes, nous n’avons pas pesé ni stocké ces masses encombrantes. Le secteur sud-est du terrain Rogier l’emporte largement sur les autres secteurs, même si nous avons à peine sondé l’énorme fosse 136/201 qui était littéralement bourrée de ce type de vestige. Sur les autres terrains, l’ouest du terrain Lacotte et le nord du terrain Vinçon recèlent aussi des quantités importantes de scories de fer, tandis que la quantité observée à l’est du terrain Charbonnier est plus modeste. Il est clair que le forgeage été une activité essentielle de l’agglomération du quartier des Arènes. On peut s’interroger sur la coexistence d’une activité aussi dangereuse et de l’habitat : les « souks » traditionnel d’Afrique du nord montraient encore récemment une structuration identique (ref. prof de Tours)

15 - Le fer

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Cette rubrique recouvre à la fois les objets en fer et les chutes de fabrication. C’est le nombre de pièces qui est décompté, et pas le poids comme pour les scories. La répartition n’est pas globalement très différente de celle des scories. En revanche les nombres de restes par fosse sont élevés. La totalité des fosses ont livré une grande quantité de restes ferreux. Cette répartition souligne l’importance de cette production qui concerne toute l’agglomération dans les secteurs où il y a des fosses pour les conserver.

16 - Le Bronze

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Il y a dix fois moins d’objets en alliage cuivreux que d’objets en fer. La répartition est très différente de celle des autres matériaux. Elle est plus ponctuelle, même si elle est présente dans presque tous les terrains. Les techniques de fabrication des objets en bronze expliquent en partie ces différences entre la répartition des traces de ces deux métaux.

17 - LES MONNAIES

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À part un trésor découvert dans le terrain Rogier, les concentrations de monnaies dans les fosses sont faibles – 1 à 6 monnaies. En revanche la répartition générale est assez large, elle touche tous les secteurs. On peut imaginer que la circulation de ce mode de paiement est assez largement utilisée dans cet habitat.

18 - TYPOLOGIE DE CONTENU

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Cette carte synthétise les cartes précédentes en regroupant en quatre classes le contenu des fosses (à partir des résultats d’une Classification Ascendante Hiérarchique CAH). La mention "+" en légende précise la surreprésentation de telle ou telle catégorie de mobilier. On peut remarquer, comme au sud-est du terrain Rogier, que les fosses caractérisées par une importante proportion de scories sont proches de celles qui une proportion importante de clayonnage. Les fosses de la partie sud-ouest du terrain Rogier sont caractérisées par la densité importante des ossements.

Les "puits" (cf carte "03"), dont la répartition est régulière, contiennent pour 75 % d’entre eux essentiellement de la céramique, des amphores, des dolia, et des céramiques campaniennes. Visiblement ces puits ont été utilisé pour se débarrasser d’objets encombrants ; en revanche on observe pas de dépôts volontaires comme dans les puis du sud-ouest de la France (Toulouse...)

CONCLUSION

Les cartes de répartition que nous avons présentées ici constituent à la fois un complément à la publication comme aux thèses qui ont été consacrées au site des Arènes, et une ouverture vers des comparaisons avec les sites d’habitat de la fin de la protohistoire. Nous avions rapidement renoncé à Levroux à l’analyse spatiale fine du mobilier à l’intérieur des fosses, dès lors que nous avions démontré qu’il s’agissait de dépôt de déchets en vrac. Nous avons alors changé d’échelle et développé des fouilles beaucoup plus rapides sur des surfaces beaucoup plus importantes. S. Krausz soulignait en 2013 qu’il ne s’agissait pas pour autant de fouiller les structures excavées à la pelle mécanique et de négliger les trous de poteau, comme les contraintes des sauvetages urgents on parfois tendance à le faire.
Les concentrations de vestiges caractéristiques des habitations, des lieux de préparation ou de consommation de la nourriture, des ateliers, apparaissent dans la confrontation de ces cartes de répartition. L’emplacement des lieux de vie, des habitations, est suggérée par la répartition des plaques de foyer et du clayonnage et nous renvoyons à « Levroux 5 » pour la répartition de la préparation et de la consommation des animaux de boucherie (Krausz 2000). Les cœurs d’activité métallurgique de l’agglomération se situent entre l’est du terrain Charbonnier et les terrains Lacotte et Vinçon d’une part, au nord-ouest et au sud-est du terrain Rogier d’autre part. La répartition des scories marque bien la concentration de la forge à l’est de l’ensemble, alors que les objets en fer sont plus largement distribués. La présence du bronze est plus délimitée dans l’espace que celle du fer. La répartition des parures en lignite et en verre suggère une évolution chronologique des parures – les bracelets de lignite sont dominants sur le terrain Charbonnier, le verre est plus fréquent à l’est –, qui devra être complétée par l’étude de la répartition de fibules. Les monnaies, à l’exception d’un trésor de pièces en or et argent dans le terrain Rogier, sont également réparties sur tous les terrains. Les monnaies de bronze frappées et les potins semblent ainsi être utilisés largement dans les échanges et la vie quotidienne.
Il faut relire les analyses thématiques qui ont été publiées dans Levroux 5 pour approfondir l’interprétation des données générales qui sont présentées ici. La comparaison de ces répartitions de l’agglomération des Arènes avec celles d’autres sites, - nous pensons à Bourges-Port Sec par exemple – (https://chronocarto.eu/spip.php?article90&lang=fr), permettra aussi d’affiner les interprétations.

Le mobilier découvert dans le village gaulois des "Arènes" a été récemment conditionné selon les nouvelles normes du Service Régional de l’Archéologie. On pourra reprendre les statistiques à partir des nouvelles bases, si le coeur vous en dit.....

Les variables de la base de données

Le contenu des fosses :
Clay_PDS : Clayonnage en Poids (grammes)
Monnaie : Nombre de monnaies
Verre : nombre de fragments de verre
Lignite : nombre de fragments de lignite
Scori_PDS : scories en poids (grammes)
Bronz : nombre de fragments de bronze
Fer : nombre de fragments de fer
OS : nombre de fragments de bronze
Cera : nombre de tessons de céramique commune
Amph_ : nombre de tessons d’amphores
Cer_camp : nombre de tessons de céramique campanienne
Cer_peinte : nombre de tessons de céramique peinte
Teg_ : nombre de tessons de tegulae
Brique : nombre de fragments de brique
Dol_ : nombre de tessons de dolium
Plfoy : nombre de plaques de foyer

Bibliographie

Dans les suppléments de la RACF, 5 concernent la fouille de Levroux.

1. L’évolution du canton de Levroux d’après les prospections et les sondages archéologiques, Levroux 1, par O. Buchsenschutz et al., FERACF/ADEL, Levroux, 1988, 182 p.
8. Le village celtique des Arènes à Levroux, description des structures, Levroux 2, par O. Buchsenschutz et al., ARCHEA/ADEL, Levroux, 1993, 224 p.
10. Le village celtique des Arènes à Levroux. Description du mobilier, Levroux 3, par O. Buchsenschutz et al., FERACF/ADEL, Levroux, 1994, 347 p.
12. Le village celtique des Arènes à Levroux. L’élevage et les productions animales dans l’économie de la fin du second âge du Fer, Levroux 4, par M.-P. Horard-Herbin, FERACF/ADEL, Levroux, 1997, 208 p.
19. Le village celtique des Arènes à Levroux. Synthèses, Levroux 5, par O. Buchsenschutz et al., FERACF/ADEL, Levroux, 2000, 329 p.

Ralston I., Buchsenschutz O.,1975, Découverte d’un « murus gallicus » à Levroux (Indre), Gallia, 33-1, p. 27-48.

Krausz Sophie. Le village celtique de Levroux : la fouille du terrain Charbonnier 1992-1993 : données préliminaires / A method for the study of internal organisation of habitats : animal bones spatial analysis. example at Levroux (Indre) . In : Revue archéologique du Centre de la France, tome 32, 1993. pp. 87-101.
(DOI : https://doi.org/10.3406/racf.1993.2686)

Christelle de Belvata Balasy, « Levroux – Les Arènes » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Centre-Val de Loire, mis en ligne le 09 septembre 2020, consulté le 18 mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/37776